A notre époque, il n’y a pas que les fibres musculaires qui rendent possible la pratique sportive. Les fibres de carbone ont vu le jour dans de très nombreuses disciplines, avec des équipements à la pointe de la technologie et toujours plus performants. A la différence des fibres musculaires, celles de carbone ne se régénèrent pas automatiquement à la première déchirure. Si elles ne font pas l’objet d’un traitement spécifique, elles sont bonnes pour la casse, ou plus justement, pour l’enfouissement. Et à force de recouvrir de terre la problématique des déchets en fibre de carbone, on finit par en voir la montagne.
La fibre de carbone n’est plus l’apanage du sport de haut niveau. Elle s’est considérablement démocratisée en l’espace de quelques années. Elle est dorénavant présente dans les vélos, les planches de surf, les planches à voile, les canoës et autres navires de compétition, les raquettes de tennis, les crosses de hockey, les flèches de tir à l’arc, les véhicules de course, les prothèses et même, tenez-vous bien, dans les protège-tibias glissés sous les chaussettes des footballeurs. Cette liste pourrait se compléter avec de nombreux autres exemples.
Le secteur sportif est un des principaux pourvoyeurs de déchets carbone. Il se distingue des industries aéronautiques, nautiques et automobiles, en ce qu’il met des particuliers face à la responsabilité du traitement de leurs déchets sans pour autant leur apporter des solutions. En payant une billet pour un vol long courrier, vous n’êtes pas rappelés deux ans plus tard par l’entreprise fabricante de l’avion qui vous somme de trouver une voie de sortie à une pièce en fibre de carbone défectueuse. Lorsque vous achetez un vélo ou une raquette, vous en devenez propriétaire et si une dégradation ou une faille survient, vous n’avez guère d’autre option que de passer par la case déchèterie, succursale de l’enfouissement, pour vous en débarrasser. Sauf à ce que vous ayez entendu parler du réseau Recycling Carbon et de la start-up Circular Wastes.
La question de la valorisation des déchets carbone, ramenée à l’échelle industrielle, est relativement récente. Les connections d’économie circulaire ne sont majoritairement pas établies. Il faut donc s’organier. Identifier les typologies et les volumes, déployer des points de collecte et assurer un acheminement de la matière vers des entreprises dont les besoins correspondent aux propriétés techniques des déchets. il faut également privilégier les solutions de réparation et les intégrer dans les SAV des marques d’équipementier et favoriser l’innovation à travers le réemploi des matériaux composites dans de nouvelles applications. Nous avons des solutions concrètes à joindre à chacune des notions du triptyque : réparabilité / réemploi / économie circulaire. Au-delà des bienfaits environnementaux, la mise en place de filières de valorisation, comme le nom l’indique, réhabilite toute la valeur technique et économique de matériaux nobles dont il serait dommage de se priver. Le monde sportif a beaucoup à gagner à se saisir de cet enjeu. C’est ce à quoi nous l’encourageons.
Vincent Gamboa / Lucas Meslin
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superbe initiative, j’aimerais vous parler de l’option pyrolyse pour ce carbone pour lequel il y a des preneurs. la pyrolyse retourne le carbone à sa forme originale.
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