Le meilleur moyen de lutter efficacement contre le chômage ne serait-il pas d’encourager la création de nouveaux emplois dans des secteurs d’activité porteurs de débouchés sur le long terme ?
Les métiers d’aujourd’hui n’étant peut-être pas ceux de demain, nous aurions intérêt à apprécier la question de l’emploi sous l’angle de l’anticipation des besoins futurs.
Notre modèle industriel évolue, nos préoccupations changent. Les conséquences environnementales ne sont plus considérées comme l’inexorable condition du dynamisme économique à laquelle nous n’aurions d’autre choix de réaction que celui de la résignation. C’est en (re)donnant du sens au travail, par l’impact positif qu’il aurait sur notre société, que nous lui confèrerons de la valeur.
La création d’une filière de recyclage de la fibre de carbone aurait pour effets, à la fois immédiats et pérennes, de générer de nouveaux emplois et ainsi de développer des savoir-faire reconnus et prisés tout en apportant des solutions concrètes à une problématique environnementale d’envergure.
Chaque seconde, 2 kg de fibre de carbone sont produits dans le monde, pour un marché évalué à 31,6 milliards d’euros. On estime à plus de 100 000 tonnes la production par an à l’horizon 2020 dans le seul secteur de l’automobile. La part de production française devrait quant à elle atteindre 20% sur cette même période.
La fibre de carbone, bénéficiant de propriétés rares telles que la légèreté et la robustesse, est également présente dans les domaines de l’innovation technologique, de l’équipementier sportif, de l’aérospatial, ou encore de l’aéronautique.
Ces quelques données donnent un bref aperçu de l’étendue du marché. Le seul inconvénient, qui n’est pas des moindres, de cette exponentielle montée en puissance, c’est que les volumes de déchets composite ne sont aujourd’hui pas traités comme ils devraient l’être et portent, de ce fait, atteinte à notre planète sur le plan sanitaire et écologique. Les chiffres évoqués laissent augurer d’un important déploiement de ressources et compétences diversifiées pour prendre en charge cette matière de manière écoresponsable. La chaîne de recyclage dispose d’une large palette de métiers compatibles avec différents profils professionnels.
Les entreprises produisant ou exploitant de la fibre de carbone ne cessent de nous exprimer leur impatience quant à l’émergence de cette filière. Si des solutions existent déjà, répondant à des mécanismes d’économie circulaire, les acteurs industriels plébiscitent la mise en place d’un schéma de traitement à grande échelle.
Nous voyons dans la formation dune filière de recyclage, l’opportunité de générer des emplois qualifiés pouvant s’inscrire dans la durée. Ces emplois trouveraient leurs places dans un écosystème qui favoriserait l’usage de la fibre de carbone tout en limitant le volume final de ses déchets.
Il est donc temps qu’une filière de recyclage se constitue et impulse un élan vertueux sur le terrain de la création d’emplois. Quand le développement durable incite à la création massive d’emplois, il convient de se donner collectivement des moyens d’une avancée significative.
Vincent GAMBOA
Lucas MESLIN
Fondateurs de la startup Circular Wastes
Membre du réseau Recycling Carbon
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